BaromĂštre Alan x Harris Interactive - Ă©dition 3
Evolution du bien-ĂȘtre mental au travail et dĂ©cryptage des aspirations des salariĂ©s et managers par secteur
Kymono est une entreprise connue pour habiller les entreprises, mais câest avant tout une façon de donner un cĂŽtĂ© tangible Ă leurs cultures. On a discutĂ© avec son fondateur, Olivier Ramel.
Olivier Ramel est un serial entrepreneur et il sâest intĂ©ressĂ© trĂšs tĂŽt Ă la notion de culture dâentreprise. Sâil nâa pas mis les mots dessus dĂšs le dĂ©but, les Ă©lĂ©ments sont apparus trĂšs tĂŽt dans ses expĂ©riences entrepreneuriales. Pourquoi, quand et comment est-ce que cet attachement Ă la culture dâentreprise est apparu ?
Les choses prennent forme avec sa deuxiĂšme entreprise : La RĂ©colte. La RĂ©colte propose des repas sains sur les campus Ă©tudiants et sâimplante Ă plusieurs endroits en rĂ©gion parisienne. TrĂšs tĂŽt, puisquâil faut recruter des emplois Ă©tudiants, il est important pour Olivier de faire en sorte que lâĂ©quipe puisse sâintĂ©grer dans lâesprit de lâentreprise. En effet, les salariĂ©s ont une immense libertĂ©, il est donc capital dâinstaurer une relation de confiance mutuelle.
Puisquâils sont rĂ©partis sur diffĂ©rents points de vente, on note plusieurs facteurs importants dans lâexpĂ©rience dâOlivier. Dâabord, il y a un effort concret pour les intĂ©grer en les invitant tous pour des soirĂ©es dâentreprise : tout le monde comprend alors tout le cycle quâil y a derriĂšre lâentreprise et ne se contente pas dâagir comme un Ă©lĂ©ment dâune machine dans son coin. Par ailleurs, vue la taille de lâopĂ©ration, câest Olivier lui-mĂȘme qui vient livrer tous les points de vente, puis sâoccuper de la collecte des stocks restants aprĂšs avoir tenu son propre point de vente en journĂ©e. Cette proximitĂ© fait que le partage de la vision se dĂ©veloppe trĂšs vite. La RĂ©colte a son code vestimentaire, sa propre maniĂšre de communiquer et de parler ; tant et si bien quâen dĂ©pit de proposer un job qui nâa rien de fun sur le papier, le sentiment dâappartenance est lĂ .
On peut alors se demander ce qui manquait Ă sa premiĂšre entreprise pour quâil estime que la notion de culture en Ă©tait absente. Pour Olivier, câest trĂšs simple : lâentreprise est restĂ©e petite et il nây a jamais eu dâĂ©quipe au-delĂ du co-fondateur. Peut-on alors parler de culture dĂšs lors quâon est sur une relation de travail Ă deux ? Pour lui, câest vraiment lorsquâil y a des questions de recrutement et de crĂ©er une Ă©quipe, que la culture se met en place, puisquâil y a quelque chose Ă transmettre. Si lâon parle beaucoup dâexpĂ©rience utilisateur, Olivier sâest aussi posĂ© la question de comment sâassurer que ses salariĂ©s soient heureux de travailler pour cette entreprise.
Il estime avoir rĂ©ussi avec La RĂ©colte, puisque ses salariĂ©s deviennent alors ses meilleurs ambassadeurs et que parmi eux, deux sont aujourdâhui des salariĂ©s de Kymono.
Si lâon voit dans cette expĂ©rience quâune culture forte peinera Ă exister sans que ce soit une volontĂ© de la part de son fondateur, on peut alors se poser la question : est-ce que la culture est forcĂ©ment celle des fondateurs ? Pas forcĂ©ment : si Olivier nous confirme que le fondateur y est pour beaucoup (et surtout sur les 10 premiers salariĂ©s), il souligne quâavant Kymono, il a eu quatre expĂ©riences de cultures et quâelles ont toutes Ă©tĂ© diffĂ©rentes. Câest donc un mĂ©lange des personnes et des contextes. Au fil de la croissance, la culture est constamment challengĂ©e : il faut donc accepter que ce qui Ă©tait vrai hier ne le sera pas forcĂ©ment demain.
Cette dilution se fait alors progressivement et il faut savoir identifier quelles dĂ©cisions restent sous le giron du fondateur et quelles autres peuvent ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ©es. Pour Olivier, tant que la culture a bien Ă©tĂ© transmise, alors il devient trĂšs facile de se sĂ©parer de certaines dĂ©cisions.
Pour cette transmission, deux aspects du rĂŽle des fondateurs sont trĂšs importantsâŠ
- Lâinspiration : il est important de dĂ©terminer quelles sont les valeurs de lâentreprise et comment elles sont transmises aux Ă©quipes. Si chacun sait pourquoi lâentreprise prend telle dĂ©cision, vend tel produit aujourdâhui mais pourrait vendre tel autre demain et que cette vision est une bonne raison pour chacun de se lever le matin, alors les fondateurs ont dĂ©jĂ rĂ©ussi quelque chose dâimportant.
- La structure : si câest un point annexe aux yeux de beaucoup dâentreprises, Olivier estime que des salariĂ©s nâayant pas une conception claire de leur fonction dans lâentreprise seront moins satisfaits au quotidien. Les traditionnels organigrammes ont alors du bon, puisquâils permettent tout simplement de savoir de qui on dĂ©pend et Ă qui on rĂ©pond. Cette structure et ce sentiment dâintĂ©gration qui en dĂ©coule peuvent entre autres passer par des rituels et de la documentation. Il mentionne par exemple le kick-off hebdomadaire de Kymono, oĂč les Ă©quipes de tous les bureaux se connectent ensemble en visioconfĂ©rence pour dĂ©marrer la semaine du bon pied. CĂŽtĂ© documentation, le principe est simple : il est important que tout le monde ait accĂšs aux mĂȘmes informations pour que tout puisse ĂȘtre transmis en toute transparence.
Dâune certaine façon, la culture de Kymono pourrait donc ĂȘtre intimidante : ses codes sont tellement marquĂ©s que lâon pourrait sâinquiĂ©ter de les voir sâimposer chez ses entreprises clientes. Pourtant, pour Olivier, toute la force de Kymono est justement son expertise et sa capacitĂ© Ă faire du sur mesure : il nâest pas question de phagocyter lâidentitĂ© des entreprises qui viennent les voir, mais bien de les faire fleurir. On constate dâailleurs que Kymono compte parmi ses clients des entreprises de toutes tailles, avec des cultures plus ou moins Ă©tablies Ă lâavance (LVMH, Google ou Airbnb). On est loin de se douter que lâĂ©quipe dâOlivier est derriĂšre chacune dâelle.
Pour lui, le point de dĂ©part du projet nâest pas le textile, mais bien la culture. Il a trĂšs rapidement conscience de lâimportance de celle-ci pour attirer et garder des talents, en cultivant un sentiment dâappartenance. Elle peut se matĂ©rialiser par des bureaux particuliers (Google), par une façon particuliĂšre de communiquer (Michel et Augustin) ou plusieurs autres choses. Lors de la crĂ©ation du projet, ils ont choisi lâangle du textile B2B, mais ça nâĂ©tait bien quâune porte dâentrĂ©e : aujourdâhui, Kymono fait aussi de la conception de bureaux et propose Ă©galement des objets personnalisĂ©s.
Olivier mentionne dâailleurs quâils ont deux autres angles dans les cartons, mais garde pour lâinstant le suspense !
Olivier a pris le temps de nous parler de plus de choses et de notamment comment la culture interne de Kymono a été pensée. Merci à lui pour son temps et à vous pour le vÎtre !
Vous pouvez Ă©couter lâĂ©pisode en entier via le player en haut de cet article et sur vos applications de podcast habituelles. Ă bientĂŽt !