Baromètre Alan x Harris Interactive - édition 3
Evolution du bien-être mental au travail et décryptage des aspirations des salariés et managers par secteur
Quelle vision du bien-être mental pour les scale-up du Next40 ? Margaux Reboul, People Experience Lead chez Qonto, nous répond dans une interview.
Alan : Sur un sujet aussi actuel que la santé mentale des collaborateurs, quelles initiatives de Qonto pourraient inspirer d’autres entreprises ?
Margaux Reboul, People Experience Lead chez Qonto, : Sur le thème de la santé mentale, nous avons choisi d’innover. Cela a commencé avec la mise en place de notre partenariat avec Moka Care il y a 3 ans (4 séances d’accompagnement individuel par an prises en charge à 100% par Qonto). Puis nous avons lancé en 2022, toujours avec Moka Care, la Mental Health Academy : une série de workshops thématiques pour les managers et les Qontoers -prévention du burn-out, gestion du stress et des émotions, déconnexion mentale pour un meilleur équilibre de vie,...-. Notre objectif : former 100% de nos managers d’ici fin 2022.
A. : La mise en place de telles structures dans les entreprises se fait-elle naturellement, ou nécessite-t-elle une prise de conscience, un déclic ?
M.R : Il n'y a pas de vérité absolue. Cela dépend essentiellement de la vision des Founders et de la DRH. J’ai un background de 10 ans en conseil, et pour moi, il ne faut pas attendre un “déclic” ; l’attendre veut dire laisser des gens en souffrance et risquer de perdre des talents clés. C’est pour cette raison que Sarah Ben Allel, VP People chez Qonto, a mis en place l’accompagnement de nos Qontoers sur leur santé mentale dès 2019 alors que nous n’étions encore que 150 salariés (677 aujourd’hui NDLR): aujourd’hui, 170 Qontoers ont un compte actif sur la plateforme et 163 sessions d’accompagnement ont été réalisées sur les 12 derniers mois. Bien sûr, la crise du Covid nous a poussé à être encore plus proactif, notamment sur le sujet équilibre vie pro / perso qui est au centre de la Mental Health Academy.
A. : On imagine que mettre en place une structure pour le bien-être mental n’est pas un acte isolé, mais rentre dans une vision plus globale du rôle de l’entreprise vis-à-vis des collaborateurs. Quelle est-elle chez Qonto, et quelles limites avez-vous rencontrées ?
M.R : Il y a un débat depuis 5 ans environ, qui consiste à positionner l’entreprise comme garante du bonheur ou du bien-être de ses salariés. Chez Qonto, nous avons fait le choix fondamental de ne pas relever le défi du bonheur de nos salariés, qui dépend de facteurs dont nous n’avons pas la maîtrise, nous serons acteurs de leur santé mentale. De plus, notre vision est que le rôle de l’entreprise se situe bien plus du côté de la prévention que de celui du soin. Certaines contraintes organisationnelles nous ont poussé à nous adapter très vite: la durée des workshops (3H) et la modalité d’animation présentielle ont requis une planification plus tactique, afin d’inclure les managers basés dans nos branches européennes.
Il ne faut pas attendre un “déclic” ; l’attendre veut dire laisser des gens en souffrance et risquer de perdre des talents clés
A. : Le bien-être mental est souvent perçu comme une source de coût, mais 85 % des salariés du secteur privé pensent que l’amélioration du bien-être mental au travail renforcerait leur fidélité à l’entreprise et leur productivité. Qu’est ce qu’il manque, au fond, pour tourner le bien-être mental en moteur pour l’entreprise ?
M.R : Le bien-être mental des collaborateurs est essentiel pour optimiser la performance d’une entreprise : meilleure productivité et dynamique, rétention et fidélisation des talents dans le temps, cohésion collective, … Malheureusement, la santé mentale reste trop souvent vue uniquement comme un poste de coût ou un “gadget” sans grand intérêt. Pourquoi ? Je pense que c’est parce que nous vivons dans une époque assez court-termiste : le “quick win” tout puissant fait parfois perdre de vue la vision stratégique long-terme de l’entreprise.