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Santé mentale : en parler pour mieux la soigner

Santé mentale : en parler pour mieux la soigner
Mis à jour le
21 février 2024
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21 février 2024
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Dans cet article

Et si on arrêtait de faire comme si elle n’existait pas ? Comme si ça n’arrivait qu’aux autres ? Comme si ce n’était qu’un secret honteux ? La santé mentale concerne tout le monde. La preuve, en 2020, plus de 13 millions de personnes ont été touchées par des troubles mentaux. Parce qu’il est temps de démystifier ce sujet encore tabou, j’ai décidé de raconter mon histoire.

En 2013, j’ai fait une dépression.

Ça ne pouvait pas m’arriver. Pas moi, Charles Gorintin, l’ingénieur fraîchement diplômé de Berkeley, qui venait tout juste de décrocher en 2013 un poste de Data Scientist chez Instagram, l’appli du moment, sous le soleil de Californie. Bref, la voie royale, le chemin tout tracé vers le succès. Le bonheur ? Pas tout à fait. Plutôt l’inverse, à vrai dire. Car je suis en plein burn-out. Le rythme de travail est dingue, les transports m’épuisent, j’ai le mal du pays et mon sommeil est anarchique.

J’ai beau essayer de me dire que c’est passager, de faire comme si tout était normal... après plusieurs mois, c’est le jour de trop. Mon corps envoie un signal d’alerte, à force d’ignorer un mal-être psychologique que je crois pouvoir dompter. Le blocage physique. Au bureau, les yeux dans le vide, les mains qui tremblent, impossible d’aligner trois mots sur mon clavier.

“Les clichés sur la santé mentale, ils ont la dent dure : on passe vite pour "fou", sans nuance ni mesure.”

Que fait-on quand on se sent seul au monde avec son mal-être et la crainte d’être stigmatisé si on en parle ?

Que fait-on, quand sur le papier, on a la vie rêvée ? Quand, autour de soi, on n’a jamais parlé de dépression, d’anxiété ? Quand on se sent isolé avec cette sensation de n’avoir personne vers qui se tourner et la crainte d’être stigmatisé ? Quand on a peur de s’exposer à pire, en effrayant ses collègues ou en étant étiqueté comme “instable” ? Sans compter que le système de santé américain m’est étranger...

À l’époque, on évoque peu ce sujet sur le lieu de travail. Les épisodes dépressifs sont souvent relégués à la seule sphère privée. Quant aux clichés sur la santé mentale, ils ont la dent dure : on passe vite pour “fou”, sans nuance ni mesure. Pourtant, je suis loin d’être le seul concerné… Selon la Harvard Business Review, les entrepreneurs ont 30% de risques supplémentaires de faire une dépression que le reste de la population !

De mon côté, c’est en rentrant en France auprès de mes proches pour les fêtes que je commence à réaliser ce qui m’arrive. Ils m’accompagnent aux urgences psychiatriques. On me prescrit des anxiolytiques.

De retour au travail, de l’autre côté de l’Atlantique, mon mal-être n’est évidemment pas passé. J’ai pourtant un traitement et un accompagnement, mais il est médiocre : les séances sont creuses. Je me remets péniblement au travail. Mais je ne suis toujours pas bien dans mes baskets.

Caption: Témoignage de Charles Gorintin à l'occasion d'Alan Check-Up '21 - notre conférence dédiée à la santé mentale en entreprise.

En 2020, la santé mentale revient en raz-de-marée. Je suis confronté à la détresse de mes salariés

Je change tout. Je quitte mon poste, je déménage, je fais un grand ménage dans ma vie. Je me recentre sur mes besoins, mon bien-être. Surtout, je dévore tout ce que je trouve sur la santé mentale. Jusqu’aux techniques de la philosophie de vie des stoïciens (je vous conseille de lire “A guide to the good life”, de William B. Irvine !). Et ça me fait du bien. 6 mois plus tard, cette pause porte ses fruits, j’ai rejoint Twitter et je vis ma meilleure vie.

7 ans après, toc toc, c’est de nouveau la santé mentale qui s’invite à la fête. Sauf que cette fois, elle débarque en raz-de-marée. On est en 2020, je suis cofondateur d’Alan, l’épidémie de Covid et ses confinements successifs ébranlent le monde entier. Le temps est suspendu, l’avenir incertain. Il faut tout réinventer, sa façon de vivre, de travailler. __Il serait présomptueux de dire qu’on ne s’est pas senti démunis face à la détresse de nos salariés. __

"La santé mentale, ce n’est pas honteux, ce n’est pas privé, ce n’est pas tabou. C’est l’affaire de tous."

Alors, avec Jean-Charles Samuelian-Werve, mon cofondateur et CEO d’Alan, on s’organise pour panser la santé mentale de nos équipes. On met en place une hotline avec des psychologues, on forme les coachs internes. On finance les équipements adaptés au télétravail, on insiste sur la flexibilité totale des horaires et lieux de travail. Et surtout… On partage nos expériences, pour que nos équipes sachent qu'elles ne sont pas seules face aux difficultés mentales. Que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse. Et qu’il existe des solutions pour aller mieux. __La santé mentale est alors notre priorité. __

“Levons le tabou, parlons-en. La santé mentale c’est comme la santé physique. Il faut faire de la prévention pour mieux la guérir”.

État dépressif, anxiété, trouble du sommeil, stress, burn-out, troubles de l'alimentation, addictions… La santé mentale, dans cette ère Covidienne où l’on comprend enfin qu’elle ne se résume pas à la schizophrénie, est enfin sur le devant de la scène. Il était temps ! On a beau avoir les plus merveilleux fromages du monde, un salarié français sur deux se déclare en détresse psychologique. En parler dans la sphère professionnelle reste compliqué. 73% des salariés sont convaincus que l’annonce de leur problème de santé mentale embarrasserait leur management. Quant aux plus jeunes, ils sont loin d’être épargnés : chez les moins de 35 ans, 3 Français sur 4 souffrent de troubles mentaux. Le hic, c’est que côté prise en charge, on est bien loin du compte, en revanche. Un patient suivi en psychologie/psychiatrie a un reste à charge trois fois plus élevé que pour une autre pathologie. Et l’offre de soins est encore très mal répartie sur le territoire alors même que la crise sanitaire a amplifié les risques psychosociaux.

Maintenant qu’on connaît le sujet, que tous les RH de France et de Navarre sont sur le pont, que fait-on ? Eh bien, on en parle. On informe pour prévenir les risques, on communique pour déstigmatiser. Comme on répète les bienfaits des fruits et légumes et l’importance de faire du sport. Parce que la santé mentale, ce n’est pas honteux, ce n’est pas privé, ce n’est pas tabou. C’est l’affaire de tous. Et aussi des entreprises, car elles sont tout aussi perdantes quand elles ferment les yeux : perte de talents, de performances…

Chez Alan, en tant que complémentaire santé accompagnant plus de 200 000 personnes et 11 000 entreprises, nous sommes les plus proches témoins de ces signaux de détresse. Aujourd’hui, le problème est tellement important que nous avons décidé d’acquérir Jour, une des applications américaine, leader en thérapie digitale. Grâce à l'absorption de cette start-up et à sa conversion en B2B, nous lançons Alan Mind, la première plateforme de suivi et de thérapie numérique pour tout ce qui concerne la santé mentale des collaborateurs (consultation individuelle, prévention, outils).

On est convaincus qu’il est temps de faire tomber les barrières, de se rendre plus résilient face aux risques de santé mentale en proposant une approche progressive de la sensibilisation et de la prévention personnalisée. Alors, on y va, on lance le débat ?

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Publié le 02/11/2021

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