Baromètre Alan x Harris Interactive - édition 3
Evolution du bien-être mental au travail et décryptage des aspirations des salariés et managers par secteur
🕓 Temps de lecture : 3 minutes
👨⚕️ Article rédigé par : Dr Pierre Auguste Beaucôté, Dr Pauline Krug-Tricot (pédiatre)
Comme vous le savez sûrement, il est recommandé de supplémenter les nourrissons et les enfants avec de la vitamine D en gouttes, puis en ampoule jusqu’à l’adolescence. Elle permet de prévenir le rachitisme (anomalie de la croissance de l’os) en assurant une bonne minéralisation osseuse, et a aussi une action positive fortement présumée sur l’équilibre immunitaire et la prévention des infections. Il est donc indispensable de supplémenter vos enfants en vitamine D, en suivant les recommandations de votre pédiatre ou de votre médecin traitant. Les deux formes les plus prescrites de vitamine D en gouttes sont le ZymaD et l’Adrigyl. Ces gouttes sont prescrites à des milliers d’enfants chaque jour, QUID de leur composition et quelles conséquences ?
Il contient :
Du cholécalciférol, qui correspond à la vitamine D3
De l’huile d’olive raffinée
De l’essence d’orange douce
Du tocophérol, autrement appelée vitamine E
Sa composition est donc plutôt naturelle...
Il contient :
Du cholécalciférol (la vitamine D3)
De l'acide sorbique
Du butylhydroxytoluène
De l'essence de citron
Des glycérides polyglycosylés insaturés
De la saccharine
Une composition en apparence un peu moins naturelle que son concurrent n°1, regardons trois de ses composants d’un peu plus près…
C’est un additif alimentaire, qui est interdit dans la fabrication bio, et qui est utilisé comme antifongique (contre les champignons) et conservateur. L’acide sorbique est autorisé en France et dans l’UE à certaines doses et est considéré comme non toxique aux doses recommandées.
C’est un additif très répandu. Dans l’industrie alimentaire et pharmaceutique, l’acide sorbique est produit par réaction chimique à partir du cétène.
Le butylhydroxytoluène est un antioxydant qui protège les acides gras de l’altération. Il est utilisé notamment dans les industries cosmétiques et alimentaires. Il est interdit dans la fabrication bio.
En avril 2016, l’ANSES a rendu un avis relatif à l’évaluation du BHT, il y est notamment énoncé les inquiétude concernant un potentiel effet cancérigène et perturbateur endocrinien notamment au niveau des hormones sexuelles et de la thyroïde :
“Sur la base de deux études in vitro présentant des limites méthodologiques, il apparaît que le BHT peut agir comme un œstrogène et un anti-androgène.”
“Des études montrent que le BHT a une action sur la thyroïde du rat avec des modifications hormonales de la concentration des hormones thyroïdiennes, une hyperplasie et des tumeurs de la thyroïde.”
“Les incertitudes décrites ci-dessus ont conduit le CES à proposer d’inscrire le BHT au CoRAP 2016.” (1)
Cette année, Doctissimo a publié un article très documenté sur le BHT dans les cosmétiques et ses effets potentiels sur la santé humaine.
La saccharine est un édulcorant utilisé depuis près d’un siècle, avec un pouvoir sucrant 300 fois plus élevé que le sucre.
Initialement suspectée d’être cancérigène et interdite d’utilisation au Canada, elle a finalement été approuvée après une sérieuse réévaluation. Le risque cancérigène de la saccharine semble donc écarté.
Cependant la revue Nature a publié en 2014 un article très sérieux, qui démontre que l’utilisation d’édulcorants de synthèse induit une altération du microbiote intestinal conduisant à une intolérance au glucose et donc potentiellement un diabète.
Vous l’aurez compris, tout n’est pas très clair concernant l’innocuité pour les nourrissons des substances présentes dans l’Adrigyl. Ce médicament est pourtant de plus en plus répandu, et la littérature scientifique ne permet pas actuellement de statuer sur les effets supposés de plusieurs de ses composants.
Nous n'avons volontairement pas cité toutes les marques de vitamine D car il y en aurait trop pour un seul article. Il existe des dizaines de formes bios et de formes non bios (autre que les deux précitées), mais attention, ces différentes vitamines D sont considérées comme des compléments alimentaires et non pas comme des médicaments : elles sont donc beaucoup moins contrôlées, à la fois en terme de composition mais surtout de dosage. Vous risquez donc un surdosage ou un sous-dosage : demandez avis à votre médecin avant d'en changer par vous-même.
PLus d'information ici : https://www.sfpediatrie.com/actualites/alerte-prescription-vitamine-pediatrie
L'essentiel lorsque vous donnez quelque chose à votre enfant que ce soit un médicament, une crème, un petit pot, c’est de regarder sa composition et de choisir dans la mesure du possible ce que vous pensez être le mieux pour lui.
Prenez soin de vous et de vos enfants ! 💚
(1) Le CoRAP ou Community Rolling Action Plan, par l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) permet de prioriser l’évaluation de substances chimiques après signalement par un pays de l’UE. D’après le site de l’ECHA, le BHT est toujours en cours d’évaluation sur ces points.
Je déclare n’avoir de conflit d’intérêt avec aucun laboratoire pharmaceutique au moment de la rédaction de cet article.*